Information géographique et société

L’information géographique, sous toutes ses formes - cartes, statistiques, bases de données à référence spatiale (annuaires, cadastres, etc.), mais également récits, représentations qui relient des personnes, des objets à des droits et des lieux - a toujours été fondamentale pour la compréhension, la maitrise et la transformation de la société.

 Charles Booth, Maps Descriptive of London Poverty, 1898-1899, http://phone.booth.lse.ac.uk

La carte de pauvreté à Londres  de Charles Booth (1898), est un des premiers exemples modernes de production systématique d’information géographique sociale. Elle relie le cadastre et des enquêtes « porte à porte » évaluant la pauvreté des habitants. Cette carte, bien antérieure à la naissance de l’informatique montre que les racines de la géomatique sont  fortement liées à la naissance de ce que Michel Foucault et d’autres ont nommé les « savoirs-pouvoir » nés, dès le 18^ème siècle, de l’évolution moderne de formes d’exercice du pouvoir fondées sur la maitrise et le développement de la population, plus que sur l’exercice de la contrainte militaire, ce que Foucault nomme la « gouvernementalité ». La « mise en carte », mais surtout la possibilité d’analyser les inégalités sociales dans leur contexte environnemental et géopolitique est un des grands apports de la géomatique à la recherche en science sociales

Aujourd’hui, avec la digitalisation et la mise en réseau des données, avec la miniaturisation des dispositifs qui permettent son exploitation en tous lieux et en tous temps (GPS, téléphonie mobile, Internet), l’information géographique est plus que jamais un instrument incontournable pour la recherche et pour l’action, ainsi que l’objet d’une analyse critique de ses usages et de ses implications politiques. Saisir aujourd’hui, par exemple, l’influence de la publicité sur les comportements quotidiens, passe par une compréhension du fonctionnement des dispositifs de marketing ciblé fondé sur des « bases de données clients » dont la composante géolocalisée est fondamentale et constitue une des principales valeurs commerciales.

L’information géographique permet de saisir de manière interdisciplinaire les dimensions spatiales de la société dans ses composantes bio-physiques et socio-économiques.  Des notions comme la densité, l’accessibilité, la diffusion peuvent être analysées à l’aide de traitements géo-référés et numériques.

 

Modèles d’accessibilité en Bolilvie et d’exposition de la population à un cyclone aux Etats-Unis

 

Sciences, systèmes et études de l’information géographique

InfoGéo aborde l’information géographique selon trois axes de réflexion, d’après le jeu de mots de Goodchild[1] [2] sur l’acronyme anglais de GIS comme Geographical Information Science (théories et modèles de l’information géographique), Geographical Information Systems (développement de dispositifs pour l’action publique)et Geographical Information Studies (regard réflexif et critique). C’est à partir de ce  découpagequ’InfoGéo présente diverses expériences de recherche développées à l’Université de Genève susceptibles de faire écho à de nouvelles recherches en Sciences de la Société.

 

 

Partager l’information géographique

InfoGéo participe au partage des données, des savoirs et savoirs-faire géomatiques, à travers:

• des enseignements (notamment en cartographie thématique,  télédétection, géostatistique appliquée à la santé, géomatique appliquée à l’aménagement du territoire)
• une infrastructure de données géospatiales (IDG) sur le réseau informatique de l’UNIGE
• des échanges et des projets avec les partenaires du réseau TIGERS